Voici un article de Stéphanie Grammond, paru dans La Presse en Janvier 2006.
Malheureusement, ceci est encore vrai. Pourquoi?
En 2006, soyez à vos affaires : évitez les erreurs les plus communes de la finance personnelle.
1 – Votre testament n’est pas à jour
À 70 ans passés, l’homme n’avait toujours pas de testament. Il avait pour toute descendance deux neveux en Pologne. Richard La Ferrière, directeur régional de la planification financière, chez TD Waterhouse, l’a convaincu de rédiger ses dernières volontés. L’homme est mort trois semaines plus tard. Sans testament, la curatelle publique aurait été bien en peine de dénicher ses héritiers. Et vous ? Votre testament est-il à jour ?
2 – Vous n’avez pas de mandat en cas d’inaptitude
Votre testament est en ordre. Mais vous n’avez pas de mandat en cas d’inaptitude. Pourtant, c’est aussi important. Si vous avez un accident qui vous enlève toutes vos facultés, le mandat facilitera grandement la gestion de vos biens.
3 – Vous vivez au dessus de vos moyens
Oui, c’est la base : pour des finances en santé, il ne faut pas vivre dans le rouge. Mais plusieurs n’y arrivent pas. Parfois ils n’ont pas le sens des priorités. Dans leur budget, ils placent les postes «vacances» et «loisirs», avant le poste «épargne». Parfois, ils calculent trop serré : à la fin de l’année, les chiffres ne tiennent plus. Parfois, ils ne calculent pas du tout?
4 – Vous ne faites pas de budget
Quand vient le temps de faire une planification financière, la première question à se poser est : «À combien s’élève mon coût de la vie ?» Mais quand Richard La Ferrière pose cette question, neuf personnes sur 10 n’en savent rien. «Ils ne font pas de budget», dit-il.
5 – Vous n’avez pas de fonds d’urgence, pas d’épargne devant vous
Sans économies, on s’expose à un risque d’endettement continu. «Dès qu’un imprévu arrive, on puise dans la marge», dit Robert Parthenais, auteur du guide Maîtriser son endettement. Un fonds d’urgence bien garni s’élève à trois fois les dépenses mensuelles fixes.
6 – Vous consommez à crédit
Meubles, voitures, électroménagers, vacances… Presque tout s’achète à crédit. C’est un piège. «Le crédit, c’est une perte de pouvoir d’achat. C’est payer tout un peu plus cher. C’est en avoir toujours moins pour son argent. C’est absurde!» dit Lise Morin, conseillère budgétaire à l’ACEF de l’Est.
7 – Vous puisez dans votre marge sans calculer
Les consommateurs dépensent à crédit sans calculer leur capacité de remboursement, déplore Isabelle Thibeault, conseillère budgétaire à l’ACEF du Sud-Ouest. Par exemple, ils empruntent 2000$ sur leur marge de crédit, sans savoir combien de temps il leur faudra pour rembourser le montant.
8 – Vous consolidez vos dettes… pour repartir de plus belle
Tous les banquiers l’observent. Une importante proportion des consommateurs ayant consolidé leurs dettes à la banque retombent ensuite dans le cycle de l’endettement. Au lieu d’en profiter pour épargner, ils utilisent leur marge de manoeuvre pour s’endetter encore plus.
9 – Vous mettez les pieds dans une société de financement
Si la banque refuse de vous prêter, c’est le temps d’une remise en question. «Ce n’est pas en empruntant à 39% d’intérêt que vous allez vous en sortir», prévient M. Parthenais.
10 – Vous empruntez (ou vous prêtez) à vos amis ou à votre famille
Qu’arrivera-t-il si vous n’êtes plus capable de rembourser? Vos déboires financiers déteindront sur vos relations amicales ou familiales.
11 – Vous achetez une maison sans refaire votre budget
L’achat d’une maison, ça ne s’arrête pas au remboursement de l’hypothèque. L’entretien annuel, les réparations importantes, les taxes, les services publics… il faut tout prévoir. Pour cela, il faut faire un budget prévisionnel, dit M. Parthenais. «Quand on entre dans un processus d’achat important (chalet, auto, etc.), il faut considérer son impact dans notre quotidien.» Beaucoup de gens ne font pas cet exercice : ils achètent une maison trop chère pour leur moyen. Ensuite, ils n’ont plus de liquidités et leur qualité de vie baisse.
12 – Vous prenez votre maison pour un investissement
Oui, l’immobilier a produit d’excellents rendements ces dernières années. Mais il ne faut pas s’y méprendre, dit André Buteau, président du conseil de l’Institut de la planification financière du Québec. Une maison, c’est d’abord et avant tout une dépense. Ce n’est qu’une façon de payer son toit.
13 – Vous ne remboursez pas votre RAP
Pour acheter leur première maison, les Canadiens peuvent utiliser le Régime d’accession à la propriété (RAP) et puiser ainsi jusqu’à 20 000$ dans leur Régime enregistré d’épargne-retraite (REER). Voilà un bon coup de main pour la mise de fonds ! Mais il faut ensuite remettre la somme dans son REER. Or, le tiers de ceux qui doivent retourner des sommes dans leur REER, ne le font pas, d’après Statistique Canada. Les sommes dues sont alors immédiatement imposés, et les droits de cotisation sont perdus pour toujours.
14 – Vous renouvelez votre hypothèque sans négocier
Entre le taux hypothécaire affiché en gros caractères à la banque et le meilleur taux qu’on peut obtenir, il peut y avoir un écart de plus de 1%. Par exemple, au lieu de payer 6,15% pour un prêt de cinq ans, on peut dénicher un prêt à 4,79 %. Négociez ! Magasinez !
15 – Vous payez votre maison coûte que coûte
Les Québécois aiment que leur maison soit entièrement payée. C’est bien. Mais parfois ils remboursent si vite leur hypothèque (pourtant la forme de prêt qui coûte le moins cher en intérêts) que leurs autres objectifs sont compromis. Ils ne profitent pas de l’avantage fiscal du REER. «Ils conservent des dettes importantes à des taux plus élevés sur des cartes de crédit, parce qu’ils veulent payer leur maison à tout prix. C’est psychologique !» dit M. La Ferrière.
16 – Vous ne lisez pas les contrats avant de signer
Les contrats sont écrits en toutes petites lettres dans un langage souvent peu accessible. Mais ils renferment des informations cruciales : les frais, les restrictions, les pénalités, etc. Lisez-les !
17 – Vous ne vérifiez pas vos relevés de compte
Un fournisseur a haussé sans préavis le prélèvement automatique sur votre carte de crédit. Des frais ont été perçus en trop dans votre compte bancaire. Vous n’y voyez que du feu, car vous ne vérifiez pas vos relevés. Pourtant, on gagne à être vigilant : les erreurs et la fraude sont plus fréquentes qu’on ne le croit.
18 – Vous ne conservez pas vos documents
Factures, garanties, relevés de compte. Ces documents méritent mieux que la poubelle. Conservez-les. Vous en aurez besoin si un objet brise, si une erreur survient.
19 – Vous êtes imprudent avec vos mots de passe
Le mot de passe de votre carte bancaire est 1234. Le mot de passe de votre carte de crédit est plus complexe… alors vous l’avez noté dans votre portefeuille. D’ailleurs, votre portefeuille déborde d’informations névralgiques, chéquier, carte d’assurance sociale, etc. Ne vous étonnez pas si vous être un jour victime de vol d’identité.
20 – Assurances invalidité : vous faites l’autruche
Bien des travailleurs n’ont pas d’assurance invalidité. Ils préfèrent ne pas y penser… en croisant les doigts. Ils remettent la corvée à plus tard. Un accident ou une maladie grave les laisserait sans ressources.
21 – Vous renouvelez votre assurance automobile sans magasiner
L’écart de prix va parfois du simple au triple, selon la compagnie. Le prix des primes d’assurances varie en fonction d’une foule de facteurs, comme le type de voiture, l’endroit où vous demeurez… Ces facteurs changent d’une année à l’autre. Il faut donc refaire le tour.
22 – Vous n’épargnez pas systématiquement
Mettre 20 $ de côté chaque semaine, c’est facile. Dégager 1000 $ une fois par année, ça étrangle. «Neuf personnes sur 10 ont de la difficulté à épargner. Il faut utiliser les retraits systématiques», dit André Buteau.
23 – Vous n’avez aucun plan financier
Vous épargnez pour la retraite. Bravo ! Mais est-ce que vos efforts sont suffisants ? Vous ne le savez pas car vous n’avez jamais fait de planification financière.
24 – Vous achetez un produit financier sans le comprendre
On vous vante les mérites d’un placement que vous ne comprenez absolument pas. Attiré par les rendements, vous investissez sans demander une deuxième opinion. Danger! Quand on ne comprend pas dans quoi on investit, on peut facilement tomber dans des pièges.
25 – Vous ne suivez pas vos placements
Vous ouvrez à peine vos enveloppes. Vous avez seulement une idée vague de vos rendements. Vous ne savez pas si vos placements sont des étoiles ou des traînards. Bref, vous ne faites pas le suivi de votre portefeuille assidûment.
26 – Votre portefeuille n’est pas bien diversifié
Vous avez 10 titres… tous dans le même secteur. Vous avez 12 fonds communs de placement… tous dans la même catégorie d’actifs. Vous avez des placements dans une demi-douzaine d’institutions? tous du pareil au même. Attention : diversifier signifie répartir les risques, et non pas s’éparpiller pour rien.
27 – Vous écoutez les tuyaux de votre voisin
Un classique ! Pourtant, pour faire des investissements heureux, il faut obéir à une stratégie disciplinée… et non pas se fier à des pseudo-conseils à gauche et à droite.
28 – Vous tentez des coups d’argent faciles
La pire gaffe en placement est de succomber à l’appât du gain. Quand on cherche un coup d’argent rapide, on entre dans la spéculation, dans le jeu. Pour faire du placement, il faut avoir un horizon à plus long terme.
29 – Vous montez dans le train quand il a quitté la gare
Les fonds communs de placement spécialisés en ressources naturelles ont grimpé de 30 % par année depuis trois ans. Vous faites alors le plein ! Mais n’oubliez pas : il faut acheter quand le prix est bas, et vendre haut. Pas le contraire.
30 – Vous n’êtes pas capable de vendre
«Il y a des investisseurs qui aiment tellement leurs titres qu’ils oublient de les vendre», dit M. La Ferrière. Son conseil : il faut se fixer un prix cible et se départir de l’action lorsqu’elle l’atteint.
31 – Vous avez horreur de payer de l’impôt
La fiscalité ne devrait pas être le premier élément à considérer quand on investit. Mieux vaut vendre un titre qui a grimpé, et payer l’impôt sur le gain en capital, que de le conserver et risquer d’encaisser une perte monstre si le titre se met à débouler.
32 – Vous payez trop d’impôt pour rien, car vos placements sont mal répartis
Par ignorance, vous avez mal réparti vos placements. «Les gens veulent que le REER croisse : ils y mettent leurs actions», dit M. La Ferrière. Pourtant, l’inverse est préférable. Il faut mettre dans son REER, à l’abri de l’impôt, les obligations qui versent des intérêts, car les intérêts sont imposés au maximum. Il faut garder à l’extérieur de son REER les actions qui versent des dividendes et déclenchent un gain en capital quand on les revend à profit. Ces deux formes de revenus sont beaucoup moins imposées.
33 – Vous n’avez pas fractionné les revenus de votre couple afin de réduire l’impôt
Cotiser au REER du conjoint pour fractionner les revenus à la retraite est une stratégie très simple. Mais les contribuables ne le font pas assez. Leur crainte ? Tout perdre en cas de divorce. Ils ne se rendent pas compte que de toute façon, les REER seraient divisés également, car ils font partie du patrimoine familial. « On voit souvent l’homme qui a une bonne caisse de retraite et 300 000 $ dans son REER tandis que sa femme a un REER de seulement 100 000 $ », dit M. La Ferrière.
34 – Vous utilisez l’effet de levier, mais ce n’est pas pour vous
Le levier, c’est se servir de son avoir net pour emprunter afin d’investir davantage. Cela peut être approprié pour certains investisseurs… mais ils sont rares. «C’est très audacieux : 70% de la population ne devrait pas du tout être là-dedans», dit M. Buteau. Emprunter pour investir permet de décupler les rendements de la Bourse qui sont positifs, à long terme. Mais à court terme, il faut pouvoir encaisser les baisses, qui sont aussi amplifiées par l’effet de levier. Les conséquences sont parfois désastreuses.
35 – Votre conseiller n’est pas à toute épreuve
Norbourg, ça vous dit quelque chose ? Pensez-y à deux fois avant de confier vos actifs à un conseiller. Est-il vraiment compétent ? Mérite-t-il votre confiance ? Prendra-t-il le temps de bien vous guider ? Quel est son intérêt, comment est-il rémunéré ? Même si vous êtes entre bonnes mains, ne vous fiez pas aveuglément à un conseiller. Personne n’est mieux placé que vous pour veiller sur vos actifs.